Parfois, on pense avoir une idée brillante. Une idée qui peut faire avancer les choses, rassembler les gens, innover en douceur. Et puis, on la partage.
Et là, on réalise une chose toute simple : avoir une idée, c’est facile. La faire adopter, c’est une autre paire de manches.
C’est exactement ce qui m’est arrivé récemment. J’avais envie de lancer un groupe de co-apprentissage sur l’intelligence artificielle (article à venir…) dans mon organisation. Une formule souple, conviviale, auto-dirigée, centrée sur l’action. Une initiative modeste, mais que je jugeais pleine de potentiel.
Mais comment savoir si elle toucherait les bonnes cordes ? Allait-elle susciter l’enthousiasme ou l’indifférence ? Le soutien ou la résistance ?
Bref… comment tester une idée avant même de la présenter officiellement ?
🧠 Une IA pour simuler un débat… crédible
Une autre idée m’est venue : et si je me servais de l’IA pour orchestrer une table ronde fictive, une discussion simulée réunissant des participant·e·s aux profils variés ? L’objectif : faire vivre une idée dans un environnement d’essai, en provoquant volontairement des frictions, des désaccords, des angles de réalité contradictoires.
Pas de flatterie algorithmique ici. Je voulais du vrai, de l’adhésion, du scepticisme, de la mauvaise foi, du rêve, de la peur, de la fatigue.
J’ai donc conçu un prompt inspiré de plusieurs variantes vues en ligne, dans lequel :
- chaque participant·e possède un profil distinct, une voix propre, et une attitude cohérente, qu’elle soit enthousiaste, analytique, critique, désabusée ou grognon
- les échanges sont argumentés, crédibles, incarnés, comme dans une vraie rencontre de groupe
- je peux choisir d’intervenir ou simplement observer la dynamique évoluer
- le but n’est pas de gagner, mais de faire émerger des points d’équilibre entre visions divergentes
🧾 Le prompt
Voici la structure du prompt que j’ai utilisée pour générer ce type de conversation avec l’IA. Tu peux le copier, le modifier, l’adapter selon tes besoins.
Structure de base du prompt
Crée une discussion de groupe réaliste, fluide et engagée sur le sujet suivant : [sujet].
Le groupe est composé de 5 personnes, incluant moi-même (l’utilisateur).
Chaque participant·e doit défendre un angle distinct. Ils doivent exprimer un désaccord ou une nuance à au moins une idée précédente pour créer un débat riche, sans tomber dans la provocation gratuite. Des phrases percutantes ou même des opinions polarisantes sont encouragées pour nourrir la discussion
Chaque personne a un profil professionnel ou personnel différent, un rapport nuancé au sujet, des opinions divergentes et s’exprime dans un langage naturel, fluide, respectueux mais argumenté.
Tous les participants doivent :
- Exprimer un point de vue clair, argumenté, parfois contradictoire avec celui des autres ;
- Réagir aux propos des autres (accords, désaccords, nuances, complémentarités) ;
- Poser des questions ouvertes pour faire progresser la réflexion ;
- Éviter les discours rigides, faire preuve d’authenticité. Illustrer ses propos avec des exemples concrets, terrain ou vécus ;
- Illustrer leurs propos avec des exemples concrets
- Contribuer à faire avancer la réflexion sans tomber dans le débat stérile, faire progresser la discussion sans chercher l’accord à tout prix
Mais au final, une personne doit se démarquer alors chacun doit débattre avec passion son point de vue afin d'être la personne qui a raison;
Important : À chaque tour, fais avancer la discussion entre les membres (3 à 5 interventions variées, au hasard). Puis, redonne-moi la parole en indiquant clairement que c’est à moi de parler : ➤ « À toi maintenant. Tu peux ajouter ton point de vue, relancer ou poser une question. » Attends ma réponse avant de continuer. Lorsque je réponds, intègre ma participation naturellement dans la conversation. Recommence un nouveau tour d’échanges (3 à 5 nouvelles répliques variées) entre les membres.
Continue la discussion jusqu’à ce que je dise : “Merci, on peut clore la discussion." et fait un compte rendu de la discussion à ce moment en 4 lignes.
✳️ Variante : proposer ses profils
Il est aussi possible de proposer les participants au débat si on a une idée du profil des gens à qui on va présenter.
- Leur donner un nom fictif
- Résumer en une ligne leur personnalité, leur inquiétude et leurs habitudes
- Possible de donner leur âge et profil démographique ou autre particularité si ça apporte quelque chose au débat (ex.: employée nouvellement embauchée)
✅ Les avantages de cette méthode
Utiliser l’IA pour simuler une discussion divergente est une méthode simple, puissante, et étonnamment riche. Voici ce qu’elle m’a apporté :
🎯 Clarifier mon idée
Confronter son projet à des critiques crédibles permet de mieux formuler ses intentions, ses bénéfices et ses angles morts.
🔍 Anticiper les résistances
Plutôt que de me préparer à “vendre” mon idée, j’ai appris à écouter ses objections à l’avance. Et à y répondre.
🧠 Explorer les autres regards
Certains personnages m’ont permis de voir des besoins ou des blocages que j’aurais complètement oubliés sans eux.
🗣 Tester ma posture
Je peux intervenir dans la discussion… ou pas. Ça me permet d’essayer différentes façons de présenter un argument, de défendre une idée, ou de relancer un débat.
🤖 Sortir de l’IA “qui veut faire plaisir”
Ici, pas de validation systématique. L’IA joue le jeu de l’opposition. Et c’est ça qui rend l’exercice utile.
🔀 Personnaliser votre simulation
Voici quelques exemples de déclinaisons pour adapter l’exercice à différents contextes :
🧭 Selon la forme du débat
(Quelle dynamique voulez-vous provoquer ?)
- Débat polarisé : pour tester la robustesse d’une idée face à l’opposition.
- Tour de table structuré : pour révéler la diversité des perceptions.
- Consensus imposé : pour forcer un compromis crédible.
- Impasse simulée : pour identifier les angles morts ou postures irréconciliables.
🛠 Selon l’objectif
(Pourquoi faites-vous l’exercice ?)
- Préparer une présentation, un pitch, une réunion délicate
- Tester un changement de processus ou de culture
- Générer des contenus réalistes pour un scénario ou une formation
- Simuler une prise de décision collective
🥁 Lors de votre intervention, vous pouvez aussi changer le ton de la discussion en imposant une directive :
- Exiger que tout le monde propose 3 solutions
- Dire un mot clé qui résume le débat selon eux
- répondre par oui ou non a une question, etc.
⚠️ Les limites de cette méthode
Bien que très utile, cette méthode a aussi ses limites :
- Ce n’est pas la réalité. Les profils restent des projections. On y voit autant nos hypothèses que celles des autres.
- Ce n’est pas une preuve. Une idée qui tient dans une simulation ne convaincra pas nécessairement en vrai.
- Attention aux caricatures. Plus les personnages sont schématiques, moins ils sont crédibles.
- Ce n’est pas magique. Cela ne remplace ni la discussion humaine, ni la mobilisation concrète.
🧱 De la simulation au pitch : passer du débat à une présentation mobilisatrice
Une fois que le débat a été simulé, que les objections ont été entendues, que les besoins ont été explorés — même fictivement — il devient beaucoup plus facile de formuler une présentation du projet qui parle vraiment aux gens.
L’IA peut alors servir à générer un texte de présentation adapté, mais aussi à structurer cette présentation en fonction de ce qui a émergé dans la discussion :
- les objections qui reviennent souvent,
- les arguments qui ont convaincu des profils divergents,
- les éléments pratiques qui parlent au quotidien,
- et les formulations qui créent de l’adhésion.
🎤 Exemple d’instruction à l’IA
« À partir de la discussion simulée sur [nom ou thème du projet], génère une structure de présentation à utiliser devant une équipe pour faire adopter cette idée.
La structure doit :
– reprendre les enjeux discutés pendant le débat,
– tenir compte des profils opposés (sceptiques, enthousiastes, indifférents…),
– anticiper les questions et les blocages,
– proposer un ordre logique d’arguments (du général au particulier, ou du concret au stratégique),
– suggérer un ton adapté au contexte (professionnel, inspirant, rassurant, direct…). »
Une fois la structure générée, tu peux ensuite demander à l’IA de rédiger le texte, proposer plusieurs versions selon le temps disponible, ou même créer un support visuel cohérent.
Cette étape transforme la simulation en outil de communication stratégique : tu n’as pas seulement testé une idée, tu as désormais de quoi la présenter intelligemment.
🧩 En conclusion
Cette approche m’a permis de mieux comprendre que les idées ne valent pas seulement par leur clarté, mais par leur capacité à survivre au désaccord. Simuler une table ronde avec l’IA, ce n’est pas un jeu d’imagination, c’est une manière structurée d’exposer une idée au feu contrôlé de l’opposition.
Mais au-delà de l’argumentation, cette méthode m’a aussi amené à faire quelque chose qu’on oublie souvent : penser à la place des autres. Pas pour les convaincre, mais pour les comprendre. Et si j’étais celle ou celui qui a peur du changement ? Qui n’a pas le temps ? Qui ne voit pas ce que ça lui apporte ?
Cette simulation, en fin de compte, ce n’est pas qu’un test d’idées. C’est un exercice d’empathie stratégique.
Alors si vous avez, vous aussi, une “idée de génie” en tête… mettez-la en débat. Même fictif. Elle en ressortira plus forte, plus claire… et peut-être, plus humaine grâce à l’IA :).
Exemple de débat utilisant le prompt dans ChatGPT
Thème : L’IA au travail, est-ce urgent d’enseigner à ses employés comment l’utiliser ?
— retranscription —
Voici le début d’une discussion de groupe selon ta demande.
Participants :
Anthony (toi), formateur/trice en milieu hospitalier
Marie, responsable RH
Malik, ingénieur informatique
Sophie, gestionnaire de projet
Luc, syndicaliste et employé de terrain
Marie (RH) :
Pour moi, c’est clairement urgent. L’IA transforme déjà les tâches, les processus et les attentes en milieu de travail. Si on ne forme pas les équipes dès maintenant, on prend le risque de creuser le fossé entre ceux qui comprennent ces outils et ceux qui restent sur la touche. Regardez ce qui s’est passé avec l’arrivée des suites bureautiques : celles et ceux qui n’avaient pas suivi le mouvement ont été rapidement marginalisés. N’attendons pas que ça devienne un problème de gestion de carrière et de santé mentale.
Malik (TI) :
Je comprends la crainte, mais je trouve qu’on exagère l’urgence. L’IA n’est pas magique, la plupart des employés n’ont pas besoin de comprendre les rouages techniques pour travailler efficacement. On impose des formations à tout le monde alors que, dans les faits, beaucoup n’en verront jamais la couleur dans leur quotidien. Pour moi, il vaut mieux cibler les usages réels au lieu de déployer à l’aveugle des programmes lourds et coûteux.
Sophie (gestion de projet) :
Je suis d’accord avec Malik sur la personnalisation, mais je rejoins Marie sur le risque de décrochage. Dans les projets, je vois déjà des gens dépassés parce qu’ils ne saisissent pas les bases des outils IA intégrés dans les logiciels. Le vrai danger, ce n’est pas la technologie, c’est l’absence d’accompagnement. Si on attend trop, on va créer une anxiété généralisée. Mais attention : enseigner l’IA, c’est aussi enseigner l’esprit critique, sinon on fabrique des automatismes bêtes.
Luc (syndicaliste) :
Franchement, je trouve qu’on va trop vite. Beaucoup de collègues voient l’IA comme un moyen de les surveiller ou de les remplacer. Avant d’enseigner quoi que ce soit, il faut d’abord rassurer, écouter les inquiétudes, et négocier l’introduction de ces outils. Former sans débat, c’est mettre la charrue avant les bœufs. À quoi ça sert d’enseigner si la méfiance persiste ? Le dialogue doit précéder l’action.
Marie (RH), réagit :
Luc, je comprends le besoin de dialogue, mais le terrain avance sans nous attendre. Ceux qui ne s’adaptent pas, c’est ceux qui seront les plus fragilisés, justement. On peut former et débattre en parallèle. Faut-il vraiment attendre un consensus parfait pour agir ?
➤ « À toi maintenant. Tu peux ajouter ton point de vue, relancer ou poser une question. »
You said: il y a tellement des urgences plus importantes que l’IA
ChatGPT said:
Anthony (toi) :
Franchement, j’ai de la difficulté à voir l’IA comme une urgence alors qu’on manque déjà de personnel, de ressources et de temps pour répondre aux besoins de base. Est-ce vraiment une priorité d’enseigner l’IA à tout le monde quand on court après les effectifs, qu’on peine à remplacer les congés ou à assurer la formation initiale essentielle? On parle beaucoup d’IA, mais il y a peut-être d’autres urgences, plus concrètes, auxquelles on devrait répondre d’abord. La vraie question, c’est : l’IA doit-elle vraiment passer devant tout le reste?
Sophie (gestion de projet) :
C’est vrai qu’on a une liste d’urgences longue comme le bras. Mais, attention, l’IA n’est pas juste un gadget de plus : c’est un levier pour améliorer l’efficacité, réduire certaines tâches répétitives, peut-être même soulager la charge de travail. Si on attend trop, on risque de subir la technologie plutôt que de la choisir. Est-ce qu’on ne gagnerait pas à anticiper plutôt que de réagir sous pression plus tard?
Malik (TI) :
Je rejoins Anthony sur un point : il faut prioriser, surtout dans un contexte de pénurie. Mais repousser la formation à l’IA, c’est risquer de se retrouver avec du rattrapage plus coûteux à long terme. Pourquoi ne pas intégrer progressivement des capsules ou des microformations, sans chambouler l’agenda? Former à l’IA, ça ne veut pas dire arrêter tout le reste.
Luc (syndicaliste) :
J’aime l’idée de Malik. Par contre, tant qu’on n’a pas réglé les conditions de base – charge de travail, écoute des équipes – même une microformation à l’IA risque de passer comme une contrainte de plus. On doit éviter que l’IA soit perçue comme un “truc de plus à gérer” alors qu’on est déjà à bout.
Marie (RH) :
Ce débat sur la hiérarchie des priorités est central. Mais l’IA va s’imposer dans nos outils, nos processus, parfois sans qu’on le veuille. Peut-on vraiment se permettre d’attendre que tout le reste soit réglé? N’y a-t-il pas un risque que, faute de préparation, on aggrave les inégalités internes?
➤ « À toi maintenant. Tu peux ajouter ton point de vue, relancer ou poser une question. »
You said : clore la discussion
ChatGPT said:
Clôture et synthèse de la discussion :
Le groupe a débattu avec passion sur la priorité de former les employés à l’IA au travail. Plusieurs ont souligné l’importance d’anticiper et de préparer le terrain, tandis que d’autres ont mis en avant la nécessité de respecter les autres urgences et la réalité des ressources limitées. Les arguments ont tourné autour du juste équilibre à trouver : former, oui, mais pas au détriment du dialogue, de l’écoute et de l’adaptation au contexte. Un consensus n’a pas été trouvé, mais la discussion a permis de mettre en lumière la complexité et la diversité des enjeux liés à l’implantation de l’IA en milieu de travail.








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